Depuis six heures ce matin, les portes d'entrée de la direction interrégionale des services pénitentiaires à Strasbourg sont bloquées par des poubelles, des tables, des chaises, des pneus. Une centaine de gardiens de prison d'Alsace, de Lorraine et de Franche-Comté manifestent contre les conditions de travail, le manque d'effectifs mais surtout contre cette loi pénitentiaire de 2009 qui interdit les fouilles au corps. Progressivement appliquée par les établissements, elle est crainte par les surveillants. Jusque-là appliquée à chaque entrée d'un détenu depuis la cour ou le parloir, la fouille intégrale doit désormais être réalisée exceptionnellement, seulement après qu'un gardien ait justifié de lourds soupçons sur un détenu.
Les surveillants doivent donc confier leur sécurité aux portiques de détection de métaux, qui ne filtrent ni la drogue, ni les armes en carbone ou en céramique. Inquiets pour leur sécurité, les gardiens de prison entament donc une série de manifestations à travers la France. Dans deux semaines, c'est à Toulouse que se réuniront les gardiens pénitentiaires du sud-ouest du pays.
Les surveillants déplorent également le manque d'effectifs : ils estiment qu'il manque une centaine de gardiens pour les régions Alsace-Lorraine-Franche-Comté, alors que quatre postes supplémentaires seulement sont prévus. La maison d'arrêt de l'Elsau compte environ 450 places pour environ 700 détenus. La direction interrégionale des services pénitentiaires à Strasbourg n'a pas souhaité s'exprimer. La fouille intégrale systématique n'a plus lieu à la prison de l'Elsau depuis le 4 novembre 2013.